hypotheque subprime panique

Début de panique à cause du subprime ?
9 août 2007 Olivier Schmouker, LesAffaires.com


Des sociétés de crédits américaines déposent leur bilan. Des actions de sociétés de placements de fonds chutent. Même la Banque de Chine se dit inquiète... La crise du subprime frappe le milieu bancaire à l'échelle mondiale.

Lundi, la société de crédit American Home Mortgage a demandé à être placée sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites. Le chapitre 11 permet aux entreprises de se restructurer financièrement, tout en étant à l'abri de leurs créanciers.

Du jour au lendemain, American Home, fondée en 1987, a cessé ses activités et annoncé ne vouloir conserver que 750 personnes sur un effectif de 7 400. Elle est considérée comme le dixième établissement de crédit immobilier aux Etats-Unis, avec 59 G$ US de prêts consentis l'an dernier.

Le même jour, une autre société de crédit immobilier spécialisée dans les crédits à risque (subprime) s’est retrouvée au cœur de la tempête, NovaStar Financial. Son action a dévissé de 28% en avant-bourse à Wall Street, après avoir émis un avertissement sur ses difficultés financières. Le titre a alors chuté à 4,63 $ US.

Quant à la banque d’affaires Bear Stearns, chahutée par la crise de l’immobilier, elle a limogé lundi Warren Spector, l’un des proches adjoints du pdg. Cela est survenu six semaines après la faillite de deux des fonds d’investissement de la banque très liés aux prêts subprime, laquelle a été suivie par la chute de 50% du cours en bourse de Bear Stearns.

Que se passe-t-il? En raison de la crise américaine de l’immobilier, les sociétés qui accordent des crédits à risque ont de plus en plus de mal à vendre leurs prêts sur le marché secondaire. Or, ces opérations de titrisation sont vitales pour le financement de leurs activités.

Onde de choc planétaire

L’onde de choc ne concerne pas que les Etats-Unis, elle est planétaire. Par exemple, on dénombre déjà deux victimes de la crise du subprime en Allemagne. Frankfurt-Trust a dû fermer momentanément l’un de ses fonds pour empêcher des investisseurs nerveux de retirer encore plus de leurs liquidités. Quant au prêteur IKB, des banques allemandes ont fait front commun pour apporter 5 M$ pour couvrir les pertes potentielles de l’établissement bancaire.

De surcroît, Zhu Min, vice-président de la Banque de Chine, a déclaré lundi que la crise du subprime allait coûter plusieurs millions de dollars à son établissement. C’est que la Chine est le premier investisseur en titres hypothécaires à risque américains, sur les 12 derniers mois, selon le Trésor américain. Elle détient en effet 1,3 G$ US de réserves, et cherche à diversifier ses investissements en se tournant vers des placements à haut rendement.

La Chine a d'ailleurs créé une agence entièrement dédiée aux investissements à l’étranger. En mai, elle a notamment investi 3 G$ US dans le fonds américain Blackstone, dont le titre a fortement reculé à la Bourse de New York, affecté par la crise du subprime.

Gestion du risque

Doit-on pour autant s’attendre à un prochain effondrement boursier? Il semble que non, car seules les banques particulièrement liées au subprime peuvent être directement affectées par la crise de confiance naissante auprès des investisseurs.

De plus, les modes de financement appliqués aux Etats-Unis sont particuliers. Nombre de ménages américains sont prix en tenaille à cause de la crise immobilière. Ils doivent payer des mensualités qui augmentent sans cesse, du fait de la hausse des taux d’intérêts, alors que les garanties bancaires ne couvrent plus les crédits. Ils se retrouvent donc à payer de plus en plus pour un bien qui vaut de moins en moins.

Il faut savoir que le subprime s’adresse aux personnes qui sont à la limite de la solvabilité. Pour permettre à ceux qui sont endettés jusqu’au cou de continuer à emprunter, le subprime autorise de prêter de l’argent à des taux particulièrement élevés. C’est que les établissements bancaires courent un risque qu’ils entendent prendre en compte dans leurs taux d’intérêts.

Avec AFP, Reuters et Challenges.


Début de panique à cause du subprime ?
source : http://www.lesaffaires.com/article/0/economie/2007-08-09/461898/archives--debut-de-panique-a-cause-du-subprime-.fr.html